Ce dimanche 17 février, une quarantaine de joueurs de moins de vingt ans se sont affrontés sur les échiquiers du Royal Rouvier Chess Club, au gymnase Rosa Parks.

«C’était sympa, familial, une ambiance bon enfant.» Jean-Louis Camilleri, animateur et capitaine de l’équipe de Nationale IV Jeunes du R2C2, résume ainsi l’atmosphère du 8e Grand Prix Jeunes organisé par son club d’échecs. Le gymnase Rosa Parks accueillait dimanche 17 février une quarantaine de joueurs de sept clubs de Paris et sa r égion, dont un quart de filles. Le plus jeune, Raphaël Portail, du club L’Echiquier de Paris, dans le 3e arrondissement, est au cours préparatoire : autant dire qu’il savait «pousser du bois», comme disent les joueurs d’échecs, avant de savoir lire ! Il a terminé 12e toutes catégories confondues, une prouesse que salue Florin Iosif, capitaine de la Nationale IV du R2C2 : «Il faut encourager les enfants. Avec l’école, ce n’est pas évident. On doit pourtant laisser de la place aux échecs.» C’est chose faite avec les écoles de la Ville de Paris, témoigne Katia Leloup, venue accompagner ses filles Anna, 8 ans, et Camille, 7 ans. «Elles ont suivi des ateliers dans leurs écoles, c’est génial, il faut le dire. Vraiment formidable.» Anna et Camille ont commencé les échecs cette année, c’était ce jour-là leur premier tournoi. La première fois qu’elles utilisaient les pendules – car, comme pour les grands, chacune des sept parties est d’une durée limitée à vingt minutes par joueur. Autant dire qu’il vaut mieux mater l’adversaire avant de «perdre à la pendule», selon l’expression. «Ça donne envie de continuer, assure Camille. Je n’ai fait que deux parties, parce qu’au début je n’étais pas inscrite, mais quand quelqu’un est allé manger chez lui parce qu’il habitait à côté, je l’ai remplacé. J’ai perdu, mais l’autre je l’ai gagnée parce qu’il était vraiment pas fort. La prochaine fois, j’ai envie de faire toutes les parties !» Remplaçante aujourd’hui, donc, mais promise à un bel avenir sur les 64 cases… Sa sœur Anna aussi a trouvé tout cela très bien, «mais quand je me retrouve avec quelqu’un, souvent il est plus fort que moi. Ou alors vraiment moins fort. Je n’ai gagné que deux parties, mais je suis contente.» Impressionnée, Anna ? Un peu, oui : «Je n’étais pas très à l’aise. Je pensais qu’il y aurait moins de monde. Ça m’a fait bizarre. La salle est grande, mais en même temps il y a beaucoup de joueurs tout serrés…»

Mettre les jeunes à l’aise, l’arbitre est aussi là pour ça. Xavier Rubini, président du club du Canal Saint-Martin et arbitre de la Fédération française d’échecs, met depuis plusieurs années sa compétence, sa gentillesse et son humour au service du Grand Prix Jeunes du R2C2. Devant François Denis, président de l’Office municipal des Sports du 14e, venu remettre les coupes, Xavier n’a pas manqué de souligner le fait que«beaucoup d’enfants faisaient là leur premier tournoi officiel. Grâce, notamment, à une initiation à l’école». Et François Denis s’adressait à eux en les encourageant d’un vibrant : «Vous êtes la relève ! Continuez, c’est formidable !» – propos de connaisseur, lui qui soutient le R2C2 et son tournoi Jeunes depuis l’origine. La relève : Catherine Pachoro, 7 ans, en est un bel exemple. «C’est ma deuxième coupe, annonce cette membre du R2C2 qui a remporté la coupe des petits poussins, catégorie féminine. Je suis fière. Quand je serai grande, je continuerai les échecs.» Piruntha Nadarajah, elle, a déjà tout d’une grande. A 17 ans, en terminale S, la joueuse du club Clichy Echecs 92 est classée 1648 points Elo en long et 1600 en rapide – les connaisseurs apprécieront, les autres peuvent pâlir en toute confiance. Et quel effet cela lui fait-il d’avoir terminé première de ce tournoi, toutes catégories confondues ? «Comme d’habitude. Rien de spécial.» Blasée ? Non : «Le niveau n’était pas très élevé. A Clichy, il y a pas mal de gens de mon niveau, précise-t-elle modestement. J’ai fait pas mal de tournois jeunes et d’opens. Combien, je ne sais pas du tout. Quand j’étais petite, j’en remportais plein.» Alors, Piruntha veut-elle faire du noble jeu son métier ? «Je ne veux pas en faire ma profession, mais un loisir. Faire des tournois, pendant les vacances. Ça continuera tout le temps. Je n’ai pas de limites. En fait, j’aime bien réfléchir.» Gageons que le bac ne sera qu’une formalité…

Piruntha est venue seule, mais ce n’est pas le cas des plus jeunes, bien sûr. Alors, les parents, dans tout ça ? Plusieurs attendaient sagement en couvant des yeux leur progéniture ; d’autres, joueurs occasionnels ou ayant repris l’activité pour soutenir leurs enfants, se sont réunis pour un tournoi improvisé, dans les mêmes conditions que les jeunes. Jean-Louis Camilleri s’en réjouit : « Ainsi, les adultes ont pu jouer. Ils ont donné le bon exemple à leurs enfants, en jouant leur tournoi à leur niveau. » S’il a été remporté par Eric Vissotsky, secrétaire du R2C2, la première féminine est Katia Leloup, la mère d’Anna et Camille. Et Anna n’est pas peu fière de sa maman : «Je suis contente d’elle parce qu’elle a eu une coupe. Elle est très forte !»

Au mois de mars, plusieurs de ces enfants participeront aux qualifications Ile-de-France pour les championnats de France qui auront lieu du 28 avril au 5 mai à Saint-Paul-Trois-Châteaux, dans la Drôme – Judicaël Meillon et Fabrizio Chancel-Moraud seront les espoirs de notre club du 14e arrondissement. Nos encouragements à tous ces jeunes !

Cette nouvelle édition du Grand Prix Jeunes du R2C2 a donc été une réussite, qui n’aurait pas été telle sans l’aide d’Erlinda Pachoro, Esther Meillon et Aurélien Camilleri qui tenaient la buvette (très appréciée notamment à l’heure du repas), Daniel Justum, tous les membres du club qui ont participé à l’organisation de la journée, la Mairie du 14e arrondissement et le personnel du gymnase Rosa Parks. Que tous soient ici remerciés pour leur soutien et leur bienveillance. Alors, avant de retrouver ces jeunes l’année prochaine pour la 9e édition, rendez-vous ici même dimanche 24 février, à 9h45, pour la première étape du Trophée du R2C2, ouvert celui-ci aux adultes et aux jeunes, débutants ou confirmés, licenciés ou non (licence à prendre sur place). Bienvenue à tous !

Benoît Chanut